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Chaise de bureau Mynt pied quatre branches
Chaise pivotante Mynt
Chaise de bureau Mynt pied cinq branches

Erwan Bouroullec

Erwan Bouroullec (né en 1976 à Quimper) est diplômé de l’École nationale supérieure d’arts de Cergy-Pontoise. Il rejoint rapidement le studio de son frère Ronan Bouroullec, avec qui il signe pendant plus de 25 ans des projets internationaux de design et d’architecture.

Erwan se distingue par sa rigueur technique et son sens de la fonctionnalité, en dialogue constant avec l’approche plus intuitive de Ronan. Cette complémentarité a nourri de nombreux projets emblématiques, réalisés en collaboration avec des marques telles que Flos, Hay, Kvadrat, Ligne Roset, Samsung ou Vitra. Leurs œuvres font aujourd’hui partie des collections permanentes de musées prestigieux comme le MoMA, le Centre Pompidou, le V&A ou le MOCA.

Le designer Erwan Bouroullec

En janvier 2024, les frères Bouroullec ont mis un terme à leur partenariat. Depuis, Erwan Bouroullec poursuit avec passion son engagement dans le design et l’architecture. Il partage aujourd’hui son temps entre Paris et la province. Depuis 2024, il a fondé son propre studio de design, au sein duquel il développe, avec son équipe, des créations pour les plus grandes marques internationales, tout en soutenant les nouveaux éditeurs émergents et occupe également le poste de directeur artistique chez Kvadrat Shade. Animé par un esprit à la fois curieux, libre et nomade, il ouvre les portes de son studio pour favoriser les échanges, créer du lien et rapprocher les individus du monde du design.

En 2025, Vitra a lancé la chaise de bureau Mynt, dessinée par Erwan Bouroullec. Derrière son esthétique épurée et minimaliste, cette pièce cache une ingéniosité fonctionnelle remarquable : elle offre un confort d’assise optimal tout en assurant un parfait équilibre du corps — un véritable chef-d’œuvre de design ergonomique.

Interview smow x Erwan Bouroullec – 3 Days of Design 2025, Copenhague

smow : On commence avec quelques questions rapides pour mieux te connaître.
Erwan, tu es plutôt punk ou jazz ?

Erwan Bouroullec : Plutôt punk.

smow : Sucré ou salé ?

Erwan Bouroullec : Salé.

smow : Chaise ou table ?

Erwan Bouroullec : Chaise.

smow : Tu te définirais plutôt Scandi ou Frenchie ?

Erwan Bouroullec : Européen.

smow : Couleur ou noir et blanc ?

Erwan Bouroullec : Couleur.

smow : Campagne ou ville ?

Erwan Bouroullec : Jungle.

smow : Bois ou métal ?

Erwan Bouroullec : Peu importe.

« Je passe beaucoup de temps à réfléchir à des choses. »

smow : Ce n’est pas la première fois que tu es à Copenhague pour les 3daysofdesign. Notre ressenti est que l’événement prend de l’ampleur chaque année. Plus d'enthousiasme, plus d’énergie qu’au Salone Del Mobile de Milan ou du salon Maison & Objet à Paris. Remarques-tu aussi cette dynamique ?

Erwan Bouroullec : Oui, clairement. C’est un événement en pleine croissance. Et franchement, c’est cool. Mais je vois aussi que dans deux ou trois ans, ça risque de prendre une toute autre dimension. J’aime bien le format plus intimiste qu’il y a.

smow : Plus humain, plus restreint

Erwan Bouroullec : Oui, exactement. Mais c’est le cours des choses, ça évolue et c’est bien aussi.

smow : Tu travailles à Paris : au début de ta carrière, tu partageais un atelier à Belleville avec ton frère. Aujourd’hui, tu as ton propre espace. Peux-tu nous en dire plus sur ton lieu de travail et ta manière de travailler ?

Erwan Bouroullec : En réalité, je peux travailler un peu partout. Le lieu m’importe peu. Mon travail est très mental, je passe beaucoup de temps à réfléchir, à penser. Mon atelier est à Paris, mais je travaille aussi depuis chez moi. Et puis, il y a un autre lieu, à la campagne...

La grange

smow : La fameuse grange ? Qu’est-ce que ce lieu exactement ?

Erwan Bouroullec : Je n’appellerais pas ça un atelier ou un laboratoire. C’est un ensemble de bâtiments équipés pour faire plein de choses. Ce lieu offre une autre perspective sur la vie. La plupart des designers sont en ville – Paris, Lyon, Barcelone – mais c’est important aussi de regarder le monde depuis un endroit non urbain. Quand on est hors de la ville, on a plus d’espace, une voiture, des outils, un garage… ça change tout. Cela permet d’aborder les choses différemment. Et comme je travaille aussi beaucoup à l’oral, en échangeant au téléphone, en discussion, l’endroit importe finalement peu. Je réfléchis et crée un peu partout.

smow : L’intelligence artificielle entre dans de nombreux processus créatifs aujourd’hui. Est-ce un outil que tu utilises ?

Erwan Bouroullec : Oui, surtout pour corriger mes textes. J’écris beaucoup, souvent en anglais. Je ne sais pas pourquoi, c’est une langue que je trouve plus naturelle pour parler de design. J’utilise ChatGPT pour lisser la grammaire, améliorer le vocabulaire. J’ai un anglais correct mais pas natif, donc parfois ça aide à clarifier des choses. J’ai un esprit assez vagabond, je fais plein de liens mentaux, donc ce type d’outil m’aide à rendre mes idées plus lisibles.

smow : Et pour l’image ?

Erwan Bouroullec : Pas vraiment. Il m’arrive de faire des tests avec des étudiants, mais c’est plus pour jouer, je ne m’en sers pas comme outil créatif. Ce n’est pas ce que je recherche pour le moment.

smow : Justement, tu parlais que ton esprit vagabonde à une pensée à l’autre, comme une forme de dérive mentale. Pour la chaise Mynt de Vitra, quelle a été la genèse du projet ?

Erwan Bouroullec : Ce n’est pas une idée qui m’est venue seul. C’est un projet collectif, avec 5 à 10 personnes autour. Dès le départ, il y avait un consensus : créer une chaise dynamique, qui accompagne les mouvements du corps — du « singe en nous », en quelque sorte — tout en étant légère et ultra efficace à produire. Et au-delà de la forme, il y a cette conviction que l’élégance est une clé du confort. Une belle chaise dit “bienvenue”. Je préfère d’ailleurs le mot élégance à beauté, car il y a dans l’élégance une forme de civilité. C’est cette combinaison entre forme, accueil, et précision qui a guidé le projet. Et encore une fois, ce n’était pas un chemin solitaire.

Chaise Mynt pour Vitra

smow : Et le nom Mynt, comment est-il né ?

Erwan Bouroullec : Trouver un nom, c’est toujours un défi. Beaucoup sont déjà déposés. Pour Mynt, on en a exploré une trentaine de noms. Et, dans ce mot-là, il a une sonorité fraîche qui nous plaisait bien.

smow : Comme la menthe ?
Erwan Bouroullec : Oui, exactement. Quelque chose de léger, d’accessible, de subtil… ça nous a parlé.

smow : Pour la Arba Lounge Chair chez Raawii, est-ce une rupture stylistique par rapport à tes formes habituelles ? Elle semble presque en lévitation, très légère, un peu futuriste…

Erwan Bouroullec : Franchement, je ne sais pas. Je ne commence jamais un projet en pensant à un style. Les formes émergent au fil des contraintes, des réponses à apporter. Le style, s’il y en a un, arrive plus tard. Donc je ne pourrais pas dire si c’est un tournant ou non.

smow : Et cette collaboration avec Raawii, comment est-elle née ?

Erwan Bouroullec : C’est difficile à dire. On ne sait plus trop comment ça a commencé. On s’est rencontrés, on s’est bien entendus, on a eu envie de faire des choses ensemble. Et souvent c’est comme ça : on commence, puis le projet prend forme, les objectifs se précisent. Mais le point de départ reste flou, presque toujours.

smow : Lors de ta conférence au Musée du Design Danois, tu parlais d’un protocole à définir pour créer. Y a-t-il un designer, vivant ou disparu, avec qui tu aimerais partager un café ou collaborer car son protocole t’intéresse ?

Erwan Bouroullec : Des envies de collaboration, j’en ai plein — mais pas forcément avec d’autres designers. Ce qui m’intéresse, c’est la diversité des gens qu’on rencontre à travers les projets : ingénieurs, commerciaux, marketeurs... J’adore les ingénieurs, j’adore les gens du marketing — même si on les critique souvent. Ils ont cette empathie, cette capacité d’écoute. Le marketing, lui, est presque dogmatique, l’opposé du monde créatif qui peut être très rigide aussi, très « orthodoxe ». On s’impose des règles, on devient des sortes de moines-soldats du design.

Mais oui, il y a des figures importantes pour moi. Jasper Morrison, par exemple, a eu une influence majeure. Il a posé des règles, une vision dont nous sommes tous, d’une certaine manière, les héritiers. Son travail m’a beaucoup marqué.

smow : On termine donc cet entretien avec Jasper Morrison, son concept du “super normal”, à (re)découvrir pour tous les amateurs de design. Merci beaucoup, Erwan, pour cet échange à l’occasion des 3daysofdesign.

Erwan Bouroullec : Avec plaisir. Merci à toi. Bonne journée, à bientôt.

Erwan Bouroullec – Design Talk : 3 Days of Design 2025, Copenhague

Lire le design Talk d'Erwan Bouroullec (version en anglais) lors des 3 DaysOfDesign 2025 sur le journal smow